Halloween, une nuit idéale pour une Banshee pourrait-on croire.  En tout cas la nuit idéale pour une étudiante stressée et fatiguée passant trop de temps à étudier et chasser les monstres échappés d'Eichen House. Pour une fois je décidais de m'accorder un peu de temps libre. Je n'avais pas prévu de costume mais un peu de maquillage vert, quelques taches rouges par-ci par là et une jolie coiffure et me voilà transformée en jolie morte-vivante - femme au foyer des années 50, un combo terrifiant et sexy à la fois, parfait donc.

Je me dirige vers le centre-ville sachant que j'y trouverais probablement la bande, en tout cas Ayana qui m'a dit qu'elle viendrait. Je ne suis pas particulièrement inquiète à l'idée de me promener seule mais pour une fois le Maire n'a pas totalement tort, le père de Stiles lui a d'ailleurs soufflé son texte, se promener en groupe n'est pas plus bête. Même si les évadés d'Eichen House peuvent facilement tuer un groupe d'humains ils y réfléchiront peut être à deux fois.

Sans être bondé le centre ville est déjà assez animé et je dois slalomer entre une gamine déguisée en vampire, un gosse déguisé en bonhomme de pain d'épice et tout un tas de petits lutins qui courent partout. Je souris, il est bon de voir que tous ne sont pas terrifiés, même si en levant la tête je vois des parents au regard inquiets qui surveillent jalousement leur progéniture. J'aimerais leur dire que tout sera bientôt fini mais nous sommes à Beacon Hills, cela ne fait que commencer.

Finalement j'aperçois Ayana, en costume de Catwoman. Je souris légèrement à l'ironie de la chose et me dirige vers elle quand mon coeur s'arrête. Est-ce bien Jackson que je vois, en train de lui parler ? Je reste figée un instant, Jackson....Je l'avais choisi comme petit ami pour sa popularité, il faut bien avouer qu'au départ il n'avait pas grand chose pour lui à part son coté sportif, mais je l'ai vu changer, évoluer. Quand il est parti pour Londres il était devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un dont j'étais amoureuse. Je me pare donc de mon plus beau sourire afin de me donner une contenance et m'avance vers eux.

"Jackson ! Je ne savais pas que tu étais de retour en ville !"

Je salue Ayana d'un sourire et d'un signe de tête et attends d'en savoir plus sur le retour étonnant de l'ex kanima, non sans remarquer le regard froid de mon amie. Ai-je raté un épisode ?

Retrouver Jackson me replonge des années en arrière, avant les loups garous, avant les banshees, avant les kanima et les soucis surnaturels, quand je cachais mon intelligence derrière des airs de midinette écervelée pour être populaire, quand je n'étais pas moi, ignorant même qui j'étais, au fond.

Je ne suis pas sure que cette époque me manque, certes ma vie est tellement, tellement plus compliquée maintenant, mais c'est toujours le cas quand on grandit, non ? Enfin dans une mesure un peu moindre, tous les adolescents ne sont pas poursuivis par des tueurs à gage en grandissant, il faut bien l'admettre. Mais d'un autre coté j'aime celle que je suis devenue, pas le coté banshee, ça c'est assez pénible d'autant que ça ne fonctionne vraiment pas à la demande, mais je me sens plus en accord avec moi-même, plus forte aussi, moins effrayée par le regard des autres, j'ai tant d'autres raisons d'être terrifiée.

J'écoute les explications, et le compliment, de Jackson et prie pour qu'il ne me voit pas rougir sous mon maquillage. Il a cette façon de me regarder qui me donne l'impression d'être seule au monde. Je souris et change de sujet pour ne pas rester sur ces retrouvailles, je ne sais pas encore exactement ce que je ressens donc il est plus facile d'éluder le tout.

Désolée, je vous ai interrompus, je vois que tu as rencontré Ayana.

J'aperçois Evie non loin de nous et lui fait signe de nous rejoindre avec un sourire, elle sera plus en sécurité parmi nous. Du moins c'est ce que je crois, ignorant ce qu'elle est tout comme elle ignore ce que je suis. Mais la nuit commence à peine et la lune se teinte de sang au dessus de nous sans que nous le remarquions. D'ici la fin de la nuit qui sait ce qu'Evie aura appris à mon sujet.

Autour de nous la foule s'épaissit, on sent dans l'air l'électricité qui précède l'orage, les gens ont peur, ils sont venus pour prouver le contraire mais on le devine dans leur regard, dans leur attitude, les bras croisés autour de leurs torses, protection illusoires contre des ennemis inconnus. Les enfants sont insouciants, criant, courant, jouant, hurlant à la more comme il se doit. Ils ne savent pas encore ce qu'est la peur, celle qui ronge leurs parents, celle qui hante les nuits blanches. Tant mieux, puissent-ils rester innocents éternellement, sans eux la ville serait déserte en cette nuit d'Halloween. Je ne vois pas grand monde du lycée, peut être ont-ils tous décidé de sauter le discours du Maire qui sera probablement ennuyeux à souhait comme toujours. S'ils avaient organisés une fête de leur coté j'aurais été informée, quand même, malgré le fait que j'apprends le latin classique je suis restée populaire, comme quoi je n'avais pas besoin d'avoir l'air idiote pour cela.